La Lettre de la Conf’ du 19 février

Paris, le 19 février 2024

Choc d’attractivité oui ! Déconventionnement non ! 

Alors que les négociations conventionnelles entrent dans le dur, les appels au déconventionnement se multiplient. Qu’en est-il ? Quelle est la réalité des chiffres ? Si certains avancent 10 promesses de déconventionnement par heure, la CNAM quant à elle affirme n’avoir que 50 médecins qui se seraient déconventionnés au cours de l’année 2023. Les chiffres de l’ISPL sont éclairants : en 2021, le nombre de médecins non conventionnés était de 982. Ils étaient 904 en 2022 et 824 en 2023. En médecine générale, le nombre de médecins non conventionnés est passé de 727 à 601 entre 2021 et 2023. Toujours entre 2021 et 2023, le tarif de la consultation des médecins non conventionnés est passé de 71 à 79 € toutes spécialités confondues. En médecine générale, ce tarif est resté stable à 68 €. Les leaders de ce mouvement de déconventionnement l’ont-ils appliqué dans leur exercice ? Je vous laisse vous en rendre compte par vous-même.

Oui, la CSMF assume parfaitement le fait de ne pas appeler les médecins libéraux à se déconventionner. Nous l’assumons parce que nous savons que cela ne profitera qu’à quelques-uns souvent installés dans les métropoles les plus riches et réalisant souvent des actes hors nomenclatures comme la médecine esthétique. Oui, la CSMF vous demande de ne surtout pas vous déconventionner. Faites vos comptes ! Et vous constaterez par vous-même que vous y perdrez. Osons affirmer que d’appeler à un déconventionnement massif nuira à la médecine libérale toute entière et tout particulièrement à la médecine générale.

Pour la CSMF, le syndicalisme, c’est un engagement responsable. Nous sommes beaucoup trop loin pour savoir quel sera notre positionnement face aux propositions de la CNAM. Nous ne sommes qu’au début de la partie dure des négociations. Nous l’avons répété. Cette convention doit être celle du choc d’attractivité. C’est ainsi que nous répondrons aux déclarations récentes d’Edouard Philippe annonçant sur France Info au sujet de la régulation des médecins “S’ils ne trouvent pas eux-mêmes une règle, elle sera imposée par le pouvoir”. 

Monsieur le Premier Ministre, cette règle, c’est celle du choc d’attractivité.  Et pour cela il nous faut des moyens. Au vu de la situation financière de la France, la CSMF propose un OPTAM POUR TOUS, où le médecin accédera à un espace de liberté tarifaire solvabilisé tout ou partie par la CNAM et les Organismes Complémentaires. 

Le choc d’attractivité c’est maintenant ! Le G à 30 € doit être appliqué sans attendre les 6 mois de stabilisateurs économiques. La revalorisation des consultations complexes et des visites réalisées par le médecin généraliste et SOS médecins ne peut plus attendre. Le FPMT doit être augmenté, simplifié sur des critères clairs et vérifiables pour tous. L’APC doit devenir la consultation d’expertise de base des médecins spécialistes. Les associations d’actes cliniques et techniques doivent se faire à plein tarif. Sans revalorisation, les spécialités cliniques vont progressivement disparaître en ville. Les actes techniques gelés depuis plus de 30 ans doivent être traités dans cette convention. Les médecins corses et des DROM doivent être entendus. Leur situation est intenable. 

Nous sommes encore loin de la signature. Une chose est sûre : la CSMF n’appellera pas au déconventionnement ! Faites vos comptes ! Et vous comprendrez qu’au-delà des mots, parfois violents, il y a des actes au service de la médecine libérale, de ses médecins et des patients qui nous assurent de leur confiance.

Docteur Franck DEVULDER

Président de la CSMF