La Lettre de la Conf' du 12 mai

NOUS N’AVONS PAS LES MÊMES VALEURS !

C’est fait ! La PPL GAROT vient d’être votée dans un hémicycle vide ! 99 pour versus 9 contre. Doit-on s’en inquiéter ? Qui peut raisonnablement imaginer que les sénateurs voteront cette PPL ?

Mesdames et Messieurs les Députés du Groupe Transpartisan, nous n’avons pas les mêmes valeurs !

Plus que quiconque, les médecins libéraux sont confrontés aux difficultés d’accès aux soins. Ni vous ni nous ni les français n’en sont responsables. Rares ont été ceux qui, à la fin des années 70, se sont érigés contre le numerus clausus qui a écarté tant de jeunes étudiants qui rêvaient de devenir médecin. Rares sont ceux qui se sont opposés au MICA (Mécanisme d’Incitation à la Cessation d’Activité) qui mettait les médecins à la retraite à 57 ans il y a encore 22 ans !

Nous sommes maintenant confrontés à une situation inédite. Comment soigner 15 millions de français de plus qu’en 1980 avec moins de temps médical ? Comment soigner des patients aux pathologies de plus en plus complexes à prendre en charge (300 à 400 000 ALD de plus chaque année) avec moins de médecins libéraux, moins de temps médical et un rapport au travail qui a changé en médecine comme dans tous les métiers ? Il faut aujourd’hui 2,3 médecins pour remplacer un départ.

Non, Monsieur GAROT, nous n’avons décidément pas les mêmes valeurs. Vous êtes devenu le chantre de la contrainte. Votre victoire à la Pyrrhus à des fins de politiques politiciennes anti médecins libéraux sera de courte durée. Nous en faisons le pari. On en rediscutera après le passage devant les sénateurs.

Car, eux, comme nous, opposent le concept de la contrainte et de la coercition à celui de l’engagement collectif et à la responsabilité territoriale. Sans détour, les valeurs portées par la CSMF sont celles de cet engagement collectif et de la responsabilité territoriale. Le territoire est le lieu des solutions. C’est dans nos territoires que nous devons mettre en place les organisations afin de répondre à la demande de nos concitoyens. Nous y sommes prêts. Monsieur Garot, nous ne vous avons pas attendu pour les mettre en œuvre, partout en France, en particulier en Mayenne dont vous êtes député. Partout en France, les organisations collectives de la permanence des soins et du service d’accès aux soins (SAS) en sont les meilleurs exemples.

Mais pour cela, la médecine libérale a besoin de bras ! Nous avons besoin de tous les médecins salariés et libéraux. Mais comment imaginer que la médecine libérale pourra répondre seule au défi de l’accès aux soins quand le salariat médical a progressé de 18,4% en 15 ans pendant que les effectifs en médecine libérale reculaient de 12,2%, quand la médecine esthétique ou d’autres exercices au niveau de preuve incertain attirent aujourd’hui tant de médecins, trop de médecins, quand certaines plateformes de télémédecine recrutent à tout va en vantant un exercice médical à la carte les pieds dans l’eau. Monsieur le Député GAROT, voilà ce qui devrait être votre combat.

Notre devoir est de réussir malgré le caractère inédit de la situation. Nous assumons pleinement la responsabilité territoriale collective qui s’oppose au concept de la contrainte individuelle. Nous devons sans tarder réussir et apporter de réelles solutions aux français. Mais, pour cela, la médecine libérale a besoin d’effectif. Ne l’oublions pas.

Docteur Franck DEVULDER

Président de la CSMF