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28 septembre 2023
Résister
Il ne pouvait pas rester endormi plus longtemps, notre village gaulois.
Quelques mois se sont écoulés depuis le retentissant échec de la précédente négociation conventionnelle. La vie avait repris, la résignation avait peu à peu gagné la communauté médicale. Les patients, peinés, se demandaient comment on pouvait ne proposer qu’un euro cinquante d’augmentation. Le village médical se retrouvait bien pour les réunions confraternelles, mais la machine semblait enrayée…
Mais l’esprit gaulois devait reprendre le dessus. Des jeunes venus des mers du sud, comme Cayennix, qui pourtant ne roulait pas en Porsche, ont réveillé la belle endormie. Vite complétée par la frétillante Aspirine et le toujours droit dans ses bottes Heurfix, la relève médicale martelait encore et encore les mêmes refrains : « Optam pour tous », médecine libérale et sociale, hiérarchisation des actes, forfaits simplifiés et efficaces. Allez, il y a encore de l’espoir, encore faut-il que la profession se batte.
« Revenons aux bases du syndicalisme. Mobilisation, grève, rapport de force », lança Moustachix.
« Revendications simples et unitaires », ajouta Babinskix.
« Et union syndicale », conclut Epigastrix, notre président.
C’est à l’attitude de notre doyen, le toujours fringant Ankylosix, que l’on sut que la grève allait porter. Il ne pouvait s’empêcher de fredonner en auscultant ses patients « Tousse ensemble, tousse ensemble »…
Akiléine, notre rugueuse médecin du sport, ne cantonnait plus ses DE à ses seules consultations athlétiques, mais menait haut et fort le mouvement de contestation tarifaire.
Même Plaintecontrix, notre représentant ordinal, toujours d’une neutralité digne de ses origines helvétiques, n’hésitait plus à vouloir en découdre, poser sa blouse et prendre le piquet de grève.
« Nous laissent-ils le choix ? », s’exclama Empatix. « Notre belle médecine libérale, celle que le monde nous enviait il y a encore quelques années, à l’époque où c’étaient nos voisins qui nous copiaient, celle qu’ils ont méthodiquement détruite depuis qu’ils ont voulu la suradministrer et la sousfinancer, ne peut pas mourir sans se battre. Ce n’est pas que pour nous que nous nous révoltons, c’est pour nos patients, c’est pour sauver des vies, c’est pour désengorger l’hôpital qui est déjà en train d’imploser et qui ne supporterait aucunement ce coup fatal que serait la mort de la médecine libérale. »
« Nous avons les solutions. Elles sont responsables, elles sont financées. On a pensé à tout, de l’organisation des soins au SAS, des assistants médicaux à la PDSA. Le gouvernement et le président ne nous entendent pas ? Prenons un haut-parleur et allons leur hurler notre plan ! », renchérit Speedix.
« Hier la loi Uber Rist, aujourd’hui la loi Valletoux Détruitout : leurs outrances pour tenter de masquer trente ans d’errance politique, et faire porter le chapeau à ceux qui prennent soin des Français, n’ont réussi qu’à unir la profession. »
Le 13 Octobre et après, tous en grève pour sauver notre système de santé.
«Il y a dans la vie de chacun un moment où il faut choisir de fuir ou de résister», Charles Bukowksi