Ah, qu’elle est belle cette photo de la profession réunie, se réjouissent Empatix et tous ses amis, montés sur Lutèce chanter à la fois leur colère et leur amour de la médecine.
Une joyeuse journée ensoleillée, sous les cornes de brume de Moustachix, résonnant devant l’Ecole militaire, la sono des jeunes Aspirine et Heurfix, faisant applaudir en rythme les citoyens penchés à la fenêtre, la voix grave du doyen Ankylosix le long du boulevard du Montparnasse, entrainant les klaxons d’approbation des automobilistes prompts à soutenir ceux qui les soignent.
Sur l’estrade, Epigastrix notre chef : il n’est pas celui qui crie le plus fort, il ne garde pas le micro le plus longtemps, mais son discours est clair, son approche honnête, et sa détermination visible et contagieuse. Efficace et précis, poignant et rassembleur, il adresse des paroles solennelles devant le Panthéon : « les devoirs nous les assumons (…) ; nos droits en revanche, sont bafoués (…) ; le parcours de soins est sacré, et le médecin de famille doit en rester le chef d’orchestre ».
Ils sont tous bons, les leaders syndicaux. De Frangine de MG France, Akyléine de la FMF à Pressionsanguine du SML, en passant par Pharerotatix de SOS Médecins et les représentants du monde hospitalier, oui, ils sont tous bons, et les médecins sont heureux.
La jeune Hexomedine, à l’origine des Médecins pour Demain, mérite bien de conclure cette belle journée, après l’anaphore zolienne à l’accent toulousain de Grandegueulix.
Oui, en cette belle Saint Valentin, les syndicats ont enfin su rendre aux médecins l’amour que ceux-ci ont pour leur métier.
Et maintenant ? Bien qu’amendée, la loi Rist a été votée, et rien n’a été résolu. Pire, la parodie de négociation menée par Assurancemaladix et sa numéro 2 Héparine, atteint des sommets d’irrespect vis à vis de la profession ; les tarifs ne sont arrivés que douze jours avant le gong final et l’ignoble CET (Contrat d’Engagement Territorial) y joue le rôle d’épouvantail. De qui a pu germer une façon de penser aussi infamante, conditionner de nécessaires revalorisations à des cases à cocher ? Les consultants de McKinsey pensent-ils donc que le bon petit peuple doit mériter son salaire, selon les conditions qu’ils auraient fixées du haut de leur tour d’argent ?
Dans le car du retour, Empatix et les siens ont le sourire mélancolique. Attachés à la liberté, convaincus de la justesse de leur cause, ils voient le jour se coucher, sachant bien que le combat ne fait que commencer pour sauver une certaine vision humaine de la médecine.
« Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent » Lucie Aubrac