Empatix : à la recherche de la nouvelle convention
15 mars 2023
Dernier épisode ?
« Les jeux sont faits, alors à quoi bon ? Toujours dit qu’il y avait besoin de moderniser tout ça… » maugrée Aspirine, à l’AG du syndicat devant décider si nous refusons une convention déjà non signée.
« La prochaine fois, faudra être un peu plus réactif. Genre donner la réponse en temps et en heure… » renchérit Heurfix, le jeune spécialiste.
« Ah, si jeunesse savait et vieillesse pouvait… » leur répond Ankylosix. « Donc, vous, la CNAM vous donne un texte final de convention de 300 pages vendredi, et vous dit de signer dimanche, alors que ça fait six mois que la négociation est censée avoir commencé, et vous ne bronchez pas, vous faites ce qu’on vous dit ? »
« Un bon débat démocratique ne fait jamais de mal. » appuie Expertix. « Evidemment, quel syndicat signerait un truc aussi débile que ce CET, un contrat individuel créant deux catégories de médecins avec des tarifs différents… Refuser un tel mépris est une évidence. Pour autant, ici on réfléchit, on analyse, on apprend les uns des autres. Et en démocratie, du 100% est tout simplement impossible. Car oui, il faut bien aussi entendre, que certains de nos collègues auraient obtenu une vraie revalorisation avec certaines de ces mesures, que des avancées nettes étaient présentes dans ce texte. »
« Quand on est jeune on veut tout casser. Normal, je l’ai été aussi, je viens des coordinations de 2002 et j’étais comme vous, approuve Laryngix, le brillant ORL plein de verve. L’intérêt de notre beau syndicat, c’est l’apprentissage, c’est le débat, c’est la construction. Vous voyez les trois présidents, là, sur l’estrade ? Oui, oui, Epigastrix, Moustachix et Babinskix ? Ben moi, rien que pour entendre leur analyse, leur ressenti, et leur tactique pour la suite, je suis content de m’être tapé une grève de train aller retour pour arriver dans une Lutèce dont les éboueurs sont aussi en grève ! »
Aspirine et Heurfix ne répondirent rien. Il est vrai qu’ils étaient déçus de ce beau gâchis.
Gâchis à plusieurs titres : des avancées sur les assistants médicaux bien plus simples d’accès, un vrai début de hiérarchisation des actes – bien qu’insuffisantes, quelques revalorisations bien utiles. Mais l’esprit de cette convention inaboutie, les droits et devoirs, des uns et des autres, avait été totalement dévoyé par Assurancemaladix et sa numéro 2 Héparine. Sous les coups de butoir des propositions de loi de députés qui étaient vécues comme autant d’attaques contre les médecins, autant d’humiliations injustes et surtout inefficaces, comme la loi Uber Rist ou les PPL Mesnier/Velletoux, étalage de l’incompétence du politique et de sa méconnaissance profonde du terrain.
« Notre rôle, c’est de proposer, de montrer ce qui marche, et de donner de l’espoir. » martèle Empatix.
« Faire miroiter un mirage comme le déconventionnement, faire passer d’une juste colère à un désespoir profond bon nombre de collègues, c’est dangereux, c’est stérile, et surtout ce n’est pas nous. » lance Lechtix, valeureux généraliste du Nord, qui a poussé l’abnégation à lire et relire les 300 pages de la convention jusqu’à pouvoir la retranscrire de tête sur un vieux parchemin… « Remettons nous au travail, et gardons l’âme de notre syndicat. »
Optimistes que nous sommes, nous pensions qu’au bout de six mois nous pourrions vous raconter une épilogue heureuse à ce feuilleton conventionnel.
Toujours épuisante, souvent décourageante, parfois déprimante, cette période n’a donc abouti à rien, puisque la négociation n’a jamais eu lieu.
Le mot de la fin revient à Epigastrix, notre chef.
« Je ne peux pas demander de réouvrir de nouvelles négociations, elles n’ont jamais commencé. Ouvrons des vraies négociations, et espérons qu’ils nous fassent confiance. Qu’ils appliquent notre programme, et qu’ils l’évaluent, au bout d’un an, les premiers résultats seront là. On en est tellement certain qu’on peut leur proposer ça ? »
Finalement, oui, ce week-end avait été bien utile, non tant pour refuser, que pour continuer à porter la flamme de tout ce qui fonctionne et qui doit être aidé et encouragé dans notre médecine libérale.