Urgences et PDSES : les propositions de la CSMF
La DGOS a publié le 2 Janvier les résultats de l’enquête nationale sur la permanence des soins en établissement de santé (PDSES) 2024. Ces résultats appellent plusieurs commentaires :
- Cette enquête affirme que le secteur public assure la majorité des prises en charge le soir et le week-end.
- Ce résultat n’est pas une surprise tant les lignes de PDSES ont été données au seul secteur public par les ARS. La CSMF rappelle que 87% des autorisations de service d’urgence ont également été données par les ARS aux hôpitaux publics excluant de fait les établissements de santé privés.
- La CSMF s’insurge contre ces résultats tronqués qui oublient sciemment les nombreux médecins libéraux assurant des astreintes et des gardes, sans repos compensateur et sans aucune rémunération faute de ligne budgétaire.
- La CSMF regrette de ne pas connaître la part des médecins travaillant en établissement assumant régulièrement la PDSES. En dix ans, les effectifs des médecins hospitaliers ont augmenté de 15% et ceux des médecins libéraux ont baissé dans la même proportion. La CSMF demande à la DGOS de faire connaître précisément la proportion des médecins libéraux, hospitaliers et hospitalo-universitaires participant régulièrement et effectivement à la PDSES.
- Cette enquête mélange subtilement la permanence des soins et la continuité des soins.
- La continuité des soins est une obligation déontologique. Elle s’impose à tous les médecins de tous secteurs, libéral et hospitalier. C’est ce que font les médecins libéraux qui assurent, en sus, 80% des consultations, 60% de l’activité chirurgicale et 75% de l’activité médico-technique de la nation.
- Cette enquête rappelle l’implication majeure des internes, des docteurs juniors, des PADHUE et des assistants dans la permanence des soins.
- La CSMF réitère sa demande de rendre obligatoire dans toutes les maquettes 2 stages d’interne en libéral. Jamais la France n’a formé autant de médecins. Vouloir les empêcher de se former en libéral est irresponsable.
Le nombre de passages aux urgences a baissé ces dernières années. Il est passé aujourd’hui sous la barre des 50 000 par jour quand les médecins libéraux réalisent 2 millions de consultations par jour. Ces chiffres ne doivent cependant pas minimiser la crise des urgences médicales. La CSMF souhaite l’aborder sans détour et propose en premier lieu :
- de redéfinir la carte sanitaire des services d’urgence et donc de la permanence des soins en fonction des besoins de la population et de la qualité des soins. Des services d’urgences doivent être fermés et regroupés afin d’assurer à la population des soins de qualité.
- de réguler toutes les entrées aux urgences ce qui implique de consacrer plus de moyens à la régulation médicale.
- de favoriser les organisations territoriales médicales de premier recours qui évitent d’encombrer les services d’urgences.
- de définir les rôles de chacun, territoire par territoire, dans l’esprit de la loi Valletoux où un médecin ne peut pas être contraint de participer à la PDSES en dehors de son établissement d’exercice.
Docteur Franck DEVULDER
Président de la CSMF